Il est bon de préciser que pour le grand public les Renouées du Japon regroupent Fallopia japonica et Fallopia sachalinensis, et leurs hybrides ce qui n’est pas exact. Fallopia sachalinensis est normalement appelée Renouée de Sakhaline et Fallopia japonica Renouée du Japon.
Actuellement, elles occupent en Europe une aire d’expansion de 2000 km allant de la côte atlantique à la Mer Noire et des côtes de Norvège et Finlande jusqu’au nord du Portugal et de l’Espagne. En France l’invasion des Renouées est plus due surtout à Fallopia japonica qu’à Fallopia sachalinensis.
F. japonica est réellement la plus invasive des deux. Les Renouées ont une préférence pour un milieu avec un fort éclairement et un sol acide, pouvant aller jusqu’à pH=4. Le sol doit préférentiellement être riche en nutriments et humide, 1 à 2 mètres au dessus du niveau d’étiage d’un cours d’eau, supportant les inondations mais de courtes durées car elles ne tolèrent pas l’asphyxie racinaire. Elles ne sont pas sensibles à la pollution. On les retrouve fréquemment sur des milieux rudéralisés, où elles résistent à la sécheresse grâce à la profondeur de leurs rhizomes.
On la trouve le long des rivières, les bords de routes, les voies de chemins de fer, terres industrielles jardins, etc...
Présentation
La Renouée du japon est une plante herbacée annuelle pérenne de la famille des polygonacées. L’appellation Fallopia remplace actuellement les anciennes dénominations : Polygonatum, et Reynoutria.
On reconnaît la Renouée à son important limbe foliaire, largement ovale alterne], tronqué à la base et allant jusqu’à 20cm pour F. japonica ;
et ovale-oblongue, en coeur à la base et pouvant aller jusqu’à 40cm, avec présence de poils en face intérieure, pour F.sachalinensis. Formant un feuillage très dense, ces feuilles sont rattachées par un court pétiole à la tige ; celle-ci creuse, cassante et pigmentée de rouge, peut aller jusqu’à 2cm de diamètre et 1,5 m à 3 m de hauteur. En automne, il ne reste qu’une tige creuse à l’aspect de bambou. Elles présentent toutes un caractère commun à leur famille, la présence de ochréa. Leurs inflorescences sont multiples, dressées et apparaissent d’août à septembre. On peut mettre l’accent ici sur une différence entre les différentes Renouées : chez Fallopia japonica, les fleurs, blanches, sont hermaphrodites, tandis que chez Fallopia sachalinensis les plants mâles sont séparés des plants femelles, et les fleurs sont plus blanches jaunâtres. Elles sont groupées par 2 ou 4 sur les panicules axillaires ramifiés, de 8 à 12 cm de long.
Les Renouées sont aussi caractérisées par un appareil racinaire important, constitué de racines mais surtout de rhizomes qui produisent les tiges aériennes. Celui-ci peut s’enfoncer jusqu’à trois mètres de profondeur. Cependant les racines partant de ce rhizome ne sont pas abondantes ce qui ne permet pas un fort ancrage dans le sol.
En Europe, la reproduction des Renouées ne s’effectue quasiment que de manière végétative. En effet, la manière sexuée n’est que très rarement possible car les plants sont très fréquemment stériles, la floraison aussi n’intervient qu’en automne, ce qui rend difficile la fabrication d’une graine viable. De plus il faut ajouter le fait que la germination demande une levée de leur dormance par un fort lavage ; les graines sécrétant des substances auto inhibitrices. Cependant la faible reproduction sexuée permet une hybridation : Fallopia x bohemica
La reproduction végétative est principalement due à des bouturages de rhizomes ; en effet 10g de rhizome suffisent à régénérer une plante entière. Les tiges peuvent elles aussi par bouturage donner une nouvelle plante, mais avec un taux de réussite beaucoup plus faible. Cette dernière colonisera le milieu par une croissance des rhizomes pouvant aller jusqu’à 50 cm par an et 4,6 cm par jour pour sa tige. Les jeunes pousses apparaissent fin mars début avril, suivies d’un développement rapide, grâce aux réserves d’amidon contenu dans le rhizome. La Renouée atteint son développement foliaire optimal ainsi que sa taille maximale en deux mois, ce qui lui permet d’occuper l’espace disponible bien avant les autres espèces végétales. Elle produit une biomasse de 6 à 13 tonnes par hectare de matières sèches pour les parties aériennes et 16 pour les parties souterraines.
A l’arrivée de l’hiver, les feuilles tombent, la tige se lignifie et forme une canne sèche, creuse et marron. Le rhizome reste en vie sous terre où il attend le printemps de l’année suivante pour donner naissance à de nouveaux plants.
La reproduction végétative de la Renouée lui permet de coloniser de nouveaux milieux grâce à des éléments naturels : érosion des berges, crues, animaux mais surtout à cause de l’homme, par déplacement de terre, à l’occasion de travaux de génie civil qui permettent le déplacement de fragments de tiges ou de rhizomes. Elle est en effet une espèce pionnière des graviers et des cours d’eau.